CONAKRY- Le gouvernement guinéen, à travers la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), a mis en œuvre une politique de protection sociale dédiée aux agents de l’État, qu’ils soient en activité ou à la retraite. Elle a pour mission, la prise en charge des risques liés à la maladie, aux accidents professionnels et non professionnels, ainsi qu’à la maternité des agents publics et de leurs ayants droit. De nos jours, l’institution a initié une réforme ambitieuse visant à étendre la couverture santé à l’ensemble des agents de l’État, y compris les contractuels des collectivités locales et les retraités.
C’est une réforme qui est officiellement entrée en vigueur depuis le 1er août de l’année 2024. L’initiative est relancée par le régime CNRD et son gouvernement à une période jugée par les fonctionnaires et les retraités guinéens, d’opportunités, ce, après plus de 50 ans sans qu’ils n’aient une faveur de ce genre. Elle va permettre aux concernés (fonctionnaires de l’Etat, retraités et leurs familles), de bénéficier d’une couverture maladie à hauteur de 80%.
La cérémonie de lancement officiel de l’initiative de prise en charge médicale des agents de l’État et les retraités, a été présidée par le Chef du gouvernement guinéen, accompagné par certains ministres, des membres du CNRD et la Représentante résidente du Système des Nations unies en Guinée, ce mercredi 7 août 2024.
Cette réforme historique a été mise en œuvre en un temps record de six mois, d’après Colonelle Aminata Diallo, la directrice générale de la CNPS. Elle rappelle que l’initiative est le résultat d’intenses travaux collectifs du gouvernement en concertation avec le mouvement syndical et les organisations de la société civile.
« Au cours des six derniers mois, le personnel de la CNPS a fait preuve d’un engagement exceptionnel pour mettre en place cette couverture maladie. Nous avons élaboré un cadre de commun accord avec les professionnels de santé, un panier de soins complet couvrant une large gamme de besoins médicaux incluant consultations, soins infirmiers, hospitalisations, soins en médecine générale, examens de biologie, actes d’imagerie médicale ainsi que les produits pharmaceutiques essentiels. Les efforts de la CNPS se sont également accentués sur plusieurs aspects cruciaux pour garantir une mise en œuvre réussie de réforme. Nous avons défini un tarif conventionnel pour les remboursements, élaboré un parcours de soin structuré pour assurer une prise en charge fluide et conçu, la feuille de soin pour la gestion des prestations. Des conventions et accords de partenariat ont été signés avec divers établissements de santé, hôpitaux nationaux, régionaux, préfectoraux, centre médicaux communaux et officines pharmaceutiques à l’échelle du territoire national. Ainsi ou qu’il se trouve, chaque agent de l’État ou retraité peut désormais accéder à des soins de qualité », a déclaré la directrice générale de la CNPS.
Dans le but d’assurer une meilleure prise en charge et bénéficier d’une qualité optimale des soins, des points focaux de la CNPS ont été recrutés et installés auprès des établissements de santé conventionnels. En outre, des médecins conseillers régionaux ont été également recrutés dans les 7 régions administratives pour superviser les activités des points focaux et veiller au bon fonctionnement du dispositif, a ajouté la DG de la CNPS, colonelle Aminata Diallo.
« Je félicite la direction générale de la Caisse nationale de prévoyance sociale pour cette initiative d’élargissement de la couverture sanitaire universelle. Je tiens à vous rassurer que le ministère de la Santé et de l’hygiène publique vous accompagnera dans la mise en œuvre de cette bonne initiative et veillera à ce que tous les accords conclus avec les structures sanitaires et les praticiens de santé soient respectés pour l’assurance d’une couverture adéquate en faveur des agents de l’État en activité et à la retraite », s’est engagé Oumar Diouhé Bah, ministre de la Santé et de l’Hygiène publique.
La mise en place de cette initiative, démontre la détermination du gouvernement à accélérer la démarche vers l’accès universel à des services de santé de qualité et abordable, en s’inscrivant dans l’élan de soutien international en faveur de la couverture sanitaire universelle, conformément à la résolution du 12 décembre 2012 de l’Assemblée générale des Nations-unies, a rappelé le ministre du Travail et de la Fonction publique.
« Mettre en place une branche de couverture médicale relève d’une audace et d’une vraie ambition du développement durable. Car la branche maladie est l’une des branches les plus coûteuses des branches de protection sociale. Le lancement de cette prise en charge médicale est un acte de justice sociale. Il garantit que chaque fonctionnaire ou retraité indépendamment de sa position, de son secteur d’activité, de son lieu de résidence puisse bénéficier des soins médicaux sans aucune contrainte financière. Il est à noter que cette couverture santé s’inscrit dans la vision de notre politique sociale à instaurer la couverture universelle, à renforcer notre système de santé et à promouvoir un environnement de travail sain et sécurisé pour tous », a ajouté Faya François Bourouno.
Ce projet qui voit jour, dissipe tous les doutes qui avaient fini par s’installer dans l’opinion de certains fonctionnaires et retraités sur la destination des 5% et 2% devant être prélevés respectivement sur les salaires et pensions.
« Le mouvement syndical guinéen salue vivement cette avancée significative dont le lancement officiel traduit éloquemment la vision et l’engagement du CNRD en matière de santé pour tous. Malgré toutes les bonnes dispositions prises par le mouvement syndical guinéen, pour expliquer le bien-fondé d’une cotisation pour la protection sociale, certains sceptiques n’avaient pas cru. Désormais, tout agent en activité ou tout retraité peut prétendre jouir d’une couverture maladie universelle à la hauteur de ses cotisations conformément à la loi instituant la couverture maladie dans notre pays. Le mouvement syndical guinéen saisit cette solennelle occasion pour réaffirmer au gouvernement à toujours travailler dans le sens de l’amélioration des conditions de vie et de travail de l’ensemble des travailleuses et travailleurs de Guinée », a indiqué Abdoulaye Camara, représentant du Mouvement syndical guinéen.
Les fonctionnaires retraités ont exprimé leur joie face à cette initiative de couverture de soin en santé, car « depuis l’accession de notre pays à l’indépendance, ce sont les agents de l’Etat en activité et à la retraite qui prennent en charge, en cas de maladie, les frais des soins médicaux. Ces dépenses catastrophiques viennent crever les revenus des ménages. Quant à moi, en ma qualité de syndicaliste de première heure, j’ai atteint mon objectif. Je suis comblé de voir se réaliser mon rêve après soixante ans de lutte syndicale », a exprimé Ousmane Sylla, porte-parole des retraités.
Visiblement satisfait de la mise en place de cette initiative, le Premier ministre a laissé entendre que le jour choisi pour l’officialisation de ce projet, est un grand jour pour la République de Guinée.
« C’est un grand jour, pourquoi ? C’est un rêve de soixante années qui est en train de se réaliser. Ce n’est pas un vieux mot. C’est une traduction, qu’en réalité certains ont chanté la révolution, d’autres sont en train de la faire. Et aujourd’hui la révolution dite sociale, c’est-à-dire la prise en compte de l’humain dans toutes les activités est en train de se réaliser à travers le lancement de l’assurance maladie pour les agents de l’État et les retraités. C’est un grand jour, ce n’est pas une banalité pour les guinéens, c’est aussi un acte fondateur du CNRD. L’acte refondateur de l’État passe nécessairement par une réconciliation effective de la population avec l’État. L’État, dans le passé, s’était vu par l’écrasante majorité de nos compatriotes comme un État qui sanctionne, qui réprime et qui, en termes de redevabilité n’apporte pas grand-chose parce que, même les salaires n’étaient pas du tout à la hauteur de la sueur et des attentes des agents de l’État et bien entendu des retraités. Aujourd’hui, un premier acte majeur a été posé en termes de redevabilité. Les citoyens peuvent se dire, mon pays, mon État en ce qui concerne la couverture maladie qui est en train de remplir une mission essentielle qu’un pays doit à ses citoyens. Donc c’est un grand jour. Le rêve de chaque être humain, puisque vous connaissez la pyramide de Maslow, c’est de régler les problèmes primaires, se nourrir, se vêtir, se soigner, par la suite, s’éduquer », a martelé Amadou Oury Bah.
La question de la santé pour le Chef du gouvernement, est une question centrale dans le cadre de la prise en compte du capital humain.
« Notre pays a souffert pendant des années et des décennies du fait d’un faible indice du développement humain. Il y a quelques décennies de cela, notre pays était parmi les derniers et aujourd’hui nous avons l’ambition de faire en sorte que l’indice du développement humain en Guinée soit nettement valorisé. C’est la raison pour laquelle l’acte d’aujourd’hui est un premier pas. Dans ce sens, nous avons pris des engagements par rapport aux objectifs de développement durable. Nous avons pris des engagements par rapport au global contact du système des Nations unies. Nous avons pris également des engagements pour que, en ce qui concerne la CEDEAO, nous relevions de manière substantielle l’indice du développement humain dans notre pays. Donc c’est très important que nous sachions que nous sommes dans une trajectoire qui réconcilie l’indispensable nécessité de faire du social un des piliers fondamentaux de la réconciliation des citoyens avec l’État, mais également d’assurer le rassemblement et l’émergence d’une véritable citoyenneté. La citoyenneté ce n’est pas simplement qu’on se dise je suis né dans un pays. La citoyenneté véritable c’est le fait que dans notre pays que les gens se rendent compte de plus en plus qu’ils peuvent acquérir un degré de liberté supplémentaire. Parce que si la pauvreté est lancinante, vous ne pouvez pas parler d’une réelle émergence de citoyenneté et il ne peut pas y avoir de liberté. Donc l’acte qui libère les énergies, qui rassure les populations à travers l’assurance de maladie est un acte salvateur », a laissé entendre le Premier ministre.